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La couleur des souvenirs
La couleur des souvenirs
Tableau à vendre : une courte bienséance qui cache bien des rancœurs, qui cachent bien de l'amour. Un placide gamin teuteu mais d'une furieuse bonne foi qui fait ce qu'il peut pour aimer son artiste de père, pigeon-grièche en proie à la DMLA. Un frère qui peste sa sœur pour ne pas avoir à l'aimer. Un père qui chasse son fils pour ne pas admettre qu'il a cruellement besoin de lui. Un peintre aussi raté que talentueux qui perd peu à peu la vue à mesure qu'il protège le souvenir de sa mère.
La douleur est au présent, elle tient la main du pardon ; les souvenirs ne sont manifestement qu'amour dans cette pièce de Fabio Marra, mise en scène par lui-même, et incarnant lui-même un fils qui refuse de rester démuni.
La fiction, décidément infatigable, interroge de nouveau le réel. C'est l'esprit curieux, peut-être même surpris, que nos élèves des niveaux quatrième et troisième se sont rapprochés de La couleur des souvenirs. Ils ont observé les jeux nuancés d'humbles et grandes figures du théâtre, Dominique PINON et Catherine ARDITI pour ne citer qu'eux.
Reprenons encore la même formule : une histoire bien pudique qui cache – il faut croire qu'il s'agit vraiment de cacher – une partition sociale, armure italienne à la clef.
Fabien HALL, professeur de Français